Un escrimeur reconverti à l’OM
Article paru en 2007 sur Focus Carrière
En 1994, Robert Leroux est champion du monde d’escrime par équipes. Dix ans plus tard, il est directeur commercial à l’Olympique de Marseille. L’histoire d’une reconversion réussie.
En début de carrière, on ne pense pas forcément à sa retraite... quoi que. Pour un sportif de haut niveau, le temps qui s’écoule entre premières médailles et fin de carrière ne se compte pas en plusieurs dizaines d’années. Dès le départ, l’athlète sait que, passée la trentaine, il faudra penser à se reconvertir. Pour Robert Leroux, ancien épéiste médaillé des JO, se reconvertir, c’est une idée qui se mûrit. « Ce n’est pas une décision abrupte. Une fin de carrière sportive se planifie, je me donnais les JO de 2000 comme date butoir, et bien sûr, je voulais rester dans le monde du sport ».
Sa première idée ? Enseigner. Dans l’optique de devenir professeur d’EPS, il s’inscrit en STAPS (Sciences et Techniques des Activités Sportives et Physiques), mais se lasse du rythme « trop monotone ». Ce qui lui manque ? La culture de l’objectif et des résultats, le stress de l’athlète de haut niveau. « Ces sensations, on les retrouve dans le monde de l’entreprise », explique l’escrimeur reconverti.
Recrute cadre de haut niveau
Il devait attendre l’an 2000, mais le destin en décida autrement. En 1995, Bouygues cherche à recruter 3 ou 4 sportifs de haut niveau. Robert Leroux envoie sa candidature...qui est retenue. Le pas est franchi. Heureusement, le contrat étant un mi-temps, il poursuit sa carrière sportive. De responsable commercial pour "Les Grands Moulins de Paris" (boulangerie artisanale) à responsable marketing opérationnel au siège de Bouygues, le champion du monde se constitue un CV de cadre en entreprise. « C’était difficile physiquement. Je travaillais de 8h à 15h puis il fallait enchaîner avec l’entraînement », se souvient le directeur commercial de l’OM.
Pourtant, malgré cet emploi du temps surchargé, ses résultats sportifs n’ont pas souffert. Sacré vice champion du monde individuel en 1995, il reçoit, l’année d’après, la médaille de bronze en équipes au JO, et se classe 3ème en individuel en 1997. Quelques belles années d’hyperactivité honorifiques, mais épuisantes.
Puis les baisses de régime finissent par avoir raison de lui. Il se sent moins performant que d’autres, plus jeunes, étudiants, qui ont le temps de suivre les deux ou trois entraînements par jour que requiert une place en Equipe de France. « La pression était grande. Pendant toute la saison, je ne savais pas si j’allais être qualifié. Surtout quand il y a 8 ou 9 postulants pour trois places », avoue Robert Leroux.
Marketing et sport : même combat
Comme prévu donc, à son retour des JO de 2000, Robert Leroux se retire du sport de haut niveau. Il a 33 ans. « C’était un peu frustrant mais je n’ai aucun regret », dit-il. Pendant cinq ans, il manage la régie publicitaire et le sponsoring du stade de France. L’homme avance en terrain connu. Créer des partenariats et faire du développement marketing sont des tâches familières à tout sportif de haut niveau.
Aujourd’hui, l’épéiste des JO est un cadre dynamique et épanoui dans son travail. Il est directeur commercial de l’Olympique de Marseille. « Je me sers tous les jours de ce que j’ai appris pendant ma carrière de sportif de haut niveau. Dans le sport, on fonctionne avec un kinésithérapeute, des entraîneurs, des co-équipiers. Dans l’entreprise, c’est la même stratégie d’équipe. Je n’ai pas fait de grandes études mais j’ai du bon sens. », explique Robert Leroux.
Des projets, le sportif reconverti en a plein la tête mais hésite à les dévoiler. Se lancer à son compte ? Il l’envisage, de loin, mais c’est une possibilité. Et surtout, l’envie d’enseigner est toujours présente dans un coin de sa tête. « Je voudrais transmettre, à des étudiants ou au sein d’entreprises, ce que je sais de ces passerelles entre le monde de l’entreprise et le monde du sport, l’un et l’autre s’enrichissant mutuellement. »