Architectes : améliorer ses compétences à tout prix

Publié le par Typhanie B

Article paru en 2007 sur Focus Carrière


 

 

En réponse au manque d’intérêt que portent les architectes à la formation continue, le Conseil National de l’Ordre des Architectes s’est engagé en faveur de la formation continue obligatoire. De leur côté, les syndicats s’insurgent : si les libéraux boudent la formation, c’est par manque de temps, et surtout d’argent.

 

Inquiet du désintéressement des architectes pour la formation continue, le Conseil National de l’Ordre des Architectes s’est réuni le 23 mars 2007. A l’issue de cette rencontre et à l’unanimité, les présidents des Conseils Régionaux ont décidé de renforcer la loi du 4 mai 2004, qui fait référence à la formation professionnelle « tout au long de la vie », incluant donc la notion d’obligation.

En ré-affirmant la nécessité d’entretenir et d’améliorer ses compétences, l’Ordre souhaite ici trouver une parade au désintéressement des architectes pour la formation continue. Mais l’initiative des représentants de la profession ne répond pas à ce seul objectif. « Le but est de donner aux élus et aux maîtres d’ouvrages privés l’assurance que les architectes auxquels ils s’adressent ont une maîtrise de la culture architecturale contemporaine ». Ainsi l’Ordre des architectes vend-il son projet. L’intention est bonne : « il s’agit d’un choix essentiel pour le développement de la profession et la diffusion de la culture architecturale », peut-on lire dans le texte de la motion votée par le Conseil National.

 

Un plus pour la profession


Les architectes, libéraux ou salariés, s’accordent tous sur l’idée que l’entretien et l’amélioration des compétences fait partie intégrante de l’éthique de la profession. Depuis la Convention du 6 décembre 2006, organisée en partenariat avec l’Unesco, l’accent est mis sur l’environnement et le développement durable. Le projet « Architecture 2007 », établit durant cette Convention, donne une nouvelle dimension à la profession : l’architecture de demain doit être une architecture durable. En cela, les labels, les normes, sont une première étape. La formation se pose comme la suivante. Car mieux utiliser les matériaux pour optimiser les performances environnementales des bâtiments... ça s’apprend.

 

Les formations « Développement durable et Haute Qualité Environnementale » se multiplient dans toute la France. Dans la seule région Île-de-France, deux formations en la matière sont actuellement proposées : l’une jusqu’au 6 juin 2007, l’autre jusqu’au 15. La première dure 6 jours et se déroulent en trois sessions correspondant aux trois axes principaux : éco-construction, gestion HQE et santé. Et si le tarif n’est pas affiché, l’architecte intéressé, et libéral, sera ravi d’apprendre que le FIF-PL prend en charge cette formation à hauteur de 500 euros. La deuxième prévoit 10 journées de formation articulées autour de conférences et d’exercices pratiques. Tarif affiché cette fois : 2900€ TTC.

 

En moyenne, pour les formations « en vogue », dont la durée excède la seule journée, le budget, hors déplacement et logement, s’élève entre 1000 et 3000€. Ainsi, un architecte souhaitant être formé sur la Loi applicable au 1er janvier 2007 concernant les accès pour personnes handicapées, devra se libérer trois jours et dépenser 1076,40€. Celui qui s’intéresse à la Programmation et à la Maîtrise d’Ouvrage devra, lui, se munir de 23925€ pour une formation qui s’étale sur 18 jours.

 

Financements insuffisants


Du côté des syndicats, on regarde le revers de la médaille. Le principe de la formation continue obligatoire est bon. Mais l’appareil de formation n’est, selon eux, pas en place en ce qui concerne la prise en charge financière. Si l’une des premières raisons invoquées par les architectes pour expliquer leur manque d’intérêt dans la formation, est le manque de temps, la principale _ et vraie ? _ raison demeure : le manque d’argent.

 

« Les architectes libéraux ne disposent pas de ressources suffisantes pour financer leur formation », confirme Jean-Paul Scalabre, vice-président du Syndicat de l’architecture, lequel se partage la branche avec l’UNSFA, l’Union Nationale des Syndicats Français d’Architectes. Sur le sujet, même la vice-présidente de Conseil National de l’Ordre des Architectes, Laurence Croslard, dénonce un système déficient. « Il existe bien une contribution annuelle à la charge des architectes libéraux pour financer leur propre formation, mais les remboursements du FIF-PL (ndlr : le fond d’assurance formation interprofessionnel des professions libérales, hors médecins) sont dérisoires », souligne-t-elle.

 

Sur le forum du site www.architecure2007.com, les réactions à l’annonce du caractère obligatoire de la formation continue, sont vives. « Quelle belle parole et une loi de plus ! Mais attention, avant que ce ne soit encore qu’un rêve technocrate, il faudra résoudre le GRAVE problème des paiements de formations dans le secteur des confrères non salariés » s’insurge l’internaute architecte, Gantois. Ce dernier se prononce en faveur d’une augmentation de la cotisation au FIF-PL, si et seulement si, le fond se comporte en véritable mutuelle. Actuellement, la contribution annuelle à la charge des architectes libéraux, prélevée par l’URSSAF et gérée par le FIF-PL, s’élève à 47€. Mais, selon le mode d’exercice, d’importantes disparités perdurent.

 

Des disparités


Au regard du financement des formations, architectes libéraux et architectes salariés ne sont pas au même régime. Les uns dépendent du FIF-PL, crée à l’initiative des organisations professionnelles, membres de l’UNAPL (Union nationale des professions libérales). Les autres, architectes salariés d’une structure, sont affiliés à l’OPCA-PL, lequel, comme son nom l’indique, est un Organisme Paritaire : employeurs/salariés. Il tire donc son financement des cotisations que chaque agence lui verse directement chaque année au prorata de sa masse salariale. Le FIF-PL finance lui-même les formations dites « prioritaires » à hauteur de 500 euros maximum par an, et les formations « non prioritaires » à hauteur de 150 euros. L’OPCA-PL, lui, prend en charge le remboursement des formations « prioritaires » et tout ou partie des frais de déplacement, d’hébergement et même de salaire. Quant aux formations « non prioritaires », le montant du remboursement est établit en fonction du dossier du participant (thème de la formation, salaire de l’employé), et cela, sans plafond.

Publié dans Ressources Humaines

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